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"Transformers : Le Commencement" : La lutte des classes version robots

Dernière mise à jour : 14 mai


Optimus Prime et Megatron

Le monde entier connaît les Transformers, cette race de robots extraterrestres métamorphes qui a débarqué sur les écrans de télévision et dans les rayons de jouets en 1984. La guerre qui oppose les Autobots et les Decepticons a depuis été décliné au travers de dizaines de séries animés, de comics, de jeux vidéo et bien évidemment de films en Live Action. Mais avant Optimus Prime et Megatron, il y avait Orion Pax et D-16. Ce film raconte leur histoire, celle de deux jeunes robots idéalistes, se considérant comme des frères et dont l'amitié brisée, sous fond de lutte des classes, sera à l'origine d'une guerre fratricide d'ampleur cosmique.


Bien que populaire depuis le milieu des années 1980, les Transformers sont devenus des icônes mondiales en 2007 sous la caméra de Michael Bay. Le réalisateur américain divise, capable du meilleur comme du pire, il aura marqué de son empreinte l'univers des robots en réalisant pas moins de cinq films à la qualité décroissante. Michael Bay c'est en effet un style détonnant que l'on appelle le Bayhem. S'il est impossible de nier les qualités esthétiques et le sens de la mise en scène unique du cinéaste, cela s'accompagne parfois d'un humour gras et d'un scénario peu travaillé. Mais surtout, Bay ne se soucie pas de la mythologie qui s'est développée depuis 1984, et s'il apprécie les Transformers pour toutes les expérimentations (pyro)techniques auxquelles il peut se livrer, il témoigne peu de respect pour l'univers qu'il adapte et ses personnages, au grand dam des fans. Sous son égide, la licence connaît donc le succès, mais gagne une réputation de blockbuster décérébrée.


En 2018, Travis Knight, offrait aux fans une lueur d'espoir avec le sympathique film Bumblebee, plus en phase avec l'univers originel. Mais l'optimisme fut de courte de durée car en 2023 le film Transformers : Rise of the Beasts retombait dans le Bayhem, avec toutefois un problème de taille, l'absence du fameux Michael Bay derrière la caméra. Son talent pour la mise en scène et le spectaculaire est difficilement imitable et il ne reste donc plus grand-chose à sauver de ce septième épisode. L'attente de ce Transformers : Le Commencement, ou Transformers One en version originale, se faisait donc dans la méfiance et le film, à la fois peu et mal vendu par son studio et sorti dans l'indifférence totale en cette fin d'année. Le manque d'intérêt suscité par le projet n'a pourtant d'égal que sa qualité, car il s'agit en effet de la meilleure production Transformers depuis très longtemps, et même tout simplement d'un excellent film d'animation.


La première rencontre entre Optimus Prime et Megatron
La première rencontre entre deux collègues, qui deviendront des frères, qui deviendront des ennemis.

Nous sommes donc sur Cybertron, des années avant que la guerre qui oppose les Autobots et les Decepticons ne démarre. La société est divisée en deux classes. La première, dominante, est capable de se transformer et s'apparente aux patriciens de la Rome antique, une caste bourgeoise qui occupe les postes d'importance. La seconde s'apparente donc logiquement aux plébéiens romains, des robots relégués aux tâches les plus difficiles et surtout incapables de se transformer. Orion Pax et D-16 sont deux jeunes robots appartenant à cette seconde catégorie, ils travaillent dans les mines d'Energon, la source d'énergie vitale de la planète et de ses habitants.


Mais l'Energon commence à manquer, et le leader de la planète, Sentinel Prime, recherche la Matrice de Pouvoir un ancien artefact qui pourrait sauver Cybertron. Nos deux robots, accompagnés de deux autres compagnons vont eux aussi se lancer en quête de cet artefact légendaire et vont se retrouver sur un chemin semé d'embûches qui va les mener à l'émancipation, mais surtout à découvrir la vérité sur l'histoire de Cybertron et l'organisation de sa société. Des révélations qui vont transformer à jamais nos héros ainsi que le lien qui les unit. Cette quête de vérité et de liberté va devenir une lutte des classes à la cybertronienne dans laquelle la classe ouvrière va ouvrir les yeux sur les mensonges dont ils sont abreuvés par le gouvernement et s'unir pour s'affranchir de la domination des élites.


La Iacon 5000 une grande course sur Cybertron
À l'image des gladiateurs, la classe dominante organise des courses pour divertir le peuple.

Parallèlement à la métaphore politique plus qu'évidente mais bien écrite, le film puise sa force dans ses deux personnages principaux et leurs évolutions respectives. La promesse initiale de nous compter la relation entre Optimus Prime et Megatron de l'amitié fraternelle à la lutte fratricide est une réussite. Les fans de l'univers Transformers pourront enfin retrouver le véritable Optimus, protecteur de la liberté, prônant la tolérance et l'empathie, à l'inverse de la brute épaisse vue chez Michael Bay. Quant à Megatron, son évolution ambivalente en fait un personnage plus complexe et qui volerait presque le film. Le reste des protagonistes fait en effet plutôt office de figuration mais on saisit rapidement l'essentiel de leur caractérisation. Le casting vocal, surprenant au premier abord est d'ailleurs l'une des raisons de cette réussite. Chris Hemsworth et Brian Tyree Henry incarnent à la perfection les deux leaders et les acteurs font évoluer leurs tons à mesure que les personnages avancent dans le film. Mention honorable à Jon Hamm excellent Sentinel Prime mais aussi au culte Steve Buscemi qui en quelques répliques retranscrit pleinement tout le personnage de Starscream son ambition, sa lâcheté et sa malice.


L'une des plus grandes réussites du film est son rapport à la "transformation". Simple gimmick d'une gamme de jouets, il s'agit ici d'un véritable symbole d'affranchissement pour tout un peuple, la volonté de devenir autre chose que ce à quoi la société nous prédestine. Un idéal à atteindre qui sert aussi d'outil narratif pour signifier le développement des personnages et l'évolution de leurs caractères. Il est appréciable de voir le soin et le respect apportés par l'équipe créative qui s'est réellement posée des questions sur cet univers, comment le rendre crédible et raconter une histoire qui ait du sens.


Bumblebee, Optimus Prime, Megatron et Elita-One découvrent la vraie Cybertron
Cybertron comme vous ne l'avez jamais vu.

Aperçu lors des précédents films, Cybertron n'avait pas été exploré outre-mesure. Ce nouveau long-métrage se déroulant entièrement sur la planète, un travail de développement conséquent devait donc être fournie, et grâce à la liberté fournit par l'animation, le résultat est une vraie réussite. Loin des vides étendus métalliques que l'on avait pu apercevoir, cette version de Cybertron est un monde vivant en perpétuelle évolution, coloré, où l'organique et la mécanique se rencontrent. À n'en pas douter, les artistes à l'oeuvre sur le projet se sont donnés à cœur joie tant l'univers développé transpire la créativité et offre des séquences de toute beauté.


À l'image de Spider-Man ou des Tortues Ninja, la franchise Transformers retrouve ses lettres de noblesse et gagne en maturité au travers de l'animation. Un paradoxe, car ce style de réalisation est encore trop souvent mal jugé et considéré comme "destiné aux enfants" par beaucoup. Film intergénérationnel qui parlera autant aux adultes qu'aux plus jeunes, Transformers : Le Commencement est une véritable réussite, malheureusement peu soutenu lors de sa campagne promotionnelle et sorti dans l'indifférence totale. Malgré un résultat au box-office mitigé, le film rencontre un succès critique mérité qui on l'espère se transformera en succès public sur le long terme, à l'image du premier Spider-Verse. On peut désormais oublier l'affreux Transformers : Rise of the Beasts sorti l'an dernier et espérer que l'univers évoluera dans cette nouvelle direction. Un retour gagnant pour la franchise sur les écrans, mais aussi en bande dessinée, nous y reviendrons bientôt.



Transformers : Le Commencement - réalisé par Josh Cooley - écrit par Andrew Barrer, Gabriel Ferrari et Steve Desmond - musique composée par Brian Tyler - Avec Chris Hemsworth (Optimus Prime / Orion Pax), Brian Tyree Henry (D-16 / Megatron), Scarlett Johansson (Elita), Keegan-Michael Key (B-127), Jon Hamm (Sentinel Prime), Laurence Fishburne (Alpha Trion), Isaac C. Singleton Jr. (Darkwing), Steve Buscemi (Starscream), Vanessa Liguori (Airachnid), John Bailey (Soundwave), Jason Konopisos-Alvarez (Shockwave) et Evan Michael Lee (Jazz) - 104 minutes - tous publics - sortie le 23 octobre 2024.


Les images présentes dans cet article sont la propriété de Paramount Pictures et Hasbro Entertainment.


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