"Captain America : Brave New World" : Effort minimum
- DoctorVins
- 12 févr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept.

L'évolution de Steve Rogers, alias Captain America, dans le Marvel Cinematic Universe est considéré comme l'une des meilleures avec celle de Tony Stark. À ce titre, la trilogie consacrée au personnage est considéré comme réussie, en particulier son second opus, The Winter Soldier. Aujourd'hui, Rogers a transmis le bouclier à son acolyte Sam Wilson, avant de disparaître. C'est donc un tout nouveau Captain America, pour un tout nouveau monde que le public s'apprête enfin à découvrir. La sympathique série The Falcon and the Winter Soldier nous présentait un personnage très différent de son prédécesseur, et ouvrait de nouvelles perspectives intéressantes pour ce quatrième film. Mais autant le dire en introduction, elles ne seront jamais explorées ici.
Une coquille vide, voilà ce qu'est ce Captain America : Brave New World. Un long-métrage pas forcément déplaisant, mais c'est principalement dû à son inconséquence tant il ne prend aucun risque et ne cherche même pas à faire semblant. En souhaitant s'inscrire directement dans la lignée de son "illustre" prédécesseur The Winter Soldier, reprenant une trame narrative plus que similaire, le film souffre de la comparaison que ce soit au niveau du scénario ou de la réalisation. Le personnage de Captain America a toujours été politique, qu'il affronte le fascisme ou s'oppose même directement aux dérives sécuritaires de son gouvernement. En 2014, le second épisode de la franchise déjà évoqué plus haut, nous présentait une institution prête à piétiner les libertés individuelles et le libre arbitre dans sa guerre contre le terrorisme, en utilisant un algorithme pour identifier des criminels potentiels et les éliminer préventivement. Une thématique qui devient aujourd'hui un véritable débat à l'aune de l'explosion de l'Intelligence Artificielle et montre la pertinence du long-métrage.

Que retiendrons-nous de ce dernier film ? Rien probablement tant il évite soigneusement tous les sujets qu'il pourrait être pertinent d'exploiter, même en surface. Il est d'ailleurs exemplaire de réunir autant d'ingrédients potentiellement explosifs pour ne rien en faire car tout était là. Un homme noir sous le costume à une époque où les États-Unis sont divisés et la question raciale est prégnante. Un film qui fait de son antagoniste le président de ce même pays, à l'heure où l'actuel chef d'État est véritablement une sorte de super-vilain dont la politique économique et sociale est délétère. Sans oublier des personnages comme celui de Ruth, une agente israélienne ou bien évidemment Isaiah, un Noir américain dont la politique raciste de son pays durant les années 1950 a détruit la vie. Le film évite tous les obstacles et déroule une intrigue vide et sans saveur.
Même la caractérisation de son héros principal est inexistante, Sam est finalement un non personnage qui n'évolue pas. Au-delà d'une question ethnique, Sam est très différent de Steve, il n'est pas un super-soldat, il ne vient pas du passé, c'est un homme moderne. Cela n'est jamais exploité à l'exception d'une courte scène dans une limousine qui permet d'apercevoir la dissemblance entre les deux Captain. Même Anthony Mackie, d'habitude à l'aise dans le rôle semble traverser l'histoire sans rien ressentir Les autres protagonistes du film - Joaquin et Ruth - sont aussi insipides, à l'exception d'Isaiah et du Président Ross. Ce dernier est sûrement l'un des seuls points à sauver du film, car même si le personnage est un potentiel gâché, il reste le seul à avoir un développement narratif et Harrison Ford semble étonnamment impliqué et rend le personnage touchant. À noter que dans un déluge d'effets spéciaux calamiteux, le Red Hulk est très réussi.

D'un point de vu cohésion d'univers, le film fait un effort, il traite enfin des conséquences de Eternals et permet de revenir à l'origine de cet univers en tissant des liens avec The Incredible Hulk, un véritable plaisir pour tous les nerds. Mais même à ce niveau, l'introduction du super-vilain Le Leader est ratée. Tout comme son design alors que le premier concept en montrait un beaucoup plus réussi. La Serpent Society, organisation ennemie de Captain America dont les membres possèdent des costumes et des capacités liées à ces reptiles n'est ici incarnée que par des mercenaires standard et sans personnalité, à quoi bon ramener Giancarlo Esposito pour cela ?
Vous l'aurez compris ce film est un gâchis. On sauvera une bande originale sympathique et un Harrison Ford touchant, ce qui est bien maigre. On sait que le film a été en grande partie charcuté, réécrit et retourné au fil des derniers mois, pas moins de cinq scénaristes se sont succédé sur le projet et il serait curieux de voir à quoi il ressemblait à l'origine. Peut-être aussi que le long-métrage est sorti bien trop tard, six ans après Avengers : Endgame et quatre après The Falcon and the Winter Soldier. Dans tous les cas, ce n'est pas ce trente-cinquième film du MCU qui renouvelera l'intérêt du public. On regardera plutôt vers The Fantastic Four : First Steps et même pourquoi pas Thunderbolts*.
Captain America : Brave New World - réalisé par Julius Onah - écrit par Julius Onah, Malcolm Spellman, Dalan Musson, Rob Edwards et Peter Glanz - musique composée par Laura Karpman - Avec Anthony Mackie (Captain America / Sam Wilson), Harrison Ford (President Thaddeus Ross / Red Hulk), Danny Ramirez (Falcon / Joaquin Torres), Shira Haas (Ruth Bat-Seraph), Giancarlo Esposito (Sidewinder / Seth Voelker), Tim Blake Nelson (The Leader / Samuel Sterns), Carl Lumbly (Isaiah Bradley), Xosha Roquemore (Leila Taylor), Liv Tyler (Betty Ross), William Mark McCullough (Dennis Dunphy), Takehiro Hira (Le Premier ministre Ozaki) et Johannes Haukur Johannesson (Copperhead / Davis Lawfers) - 104 minutes - tous publics - sortie le 23 octobre 2024.
Toutes les images présentes dans cet article sont la propriété de Marvel Studios.







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